Après de longs mois d'attente, la stratégie d'Oracle concernant Solaris devient claire - et fait une victime, avec la disparition presque officielle d'OpenSolaris, annoncée en toutes lettres dans cet email interne.

En pratique, la majeure partie du code restera sous licence Open Source (majoritairement CDDL), mais contrairement à aujourd'hui, le code ne sera disponible qu'après la publication d'une nouvelle release ou update, on ne pourra plus voir à l'avance le code des nouveautés non encore présentes dans Solaris. Cette décision peut se comprendre d'un point de vue commercial : Oracle souhaite que les innovations maisons apparaissent dans Solaris avant d'être reprises ailleurs. En revanche, cela signifie d'une part qu'il n'y aura plus le moindre input de la communauté sur les nouveautés (aussi limité qu'il ait pu être jusqu'à maintenant, il avait le mérite d'exister), et d'autre part, que le code des patchs ne sera plus accessible immédiatement. Ah, et bien sûr, l'OpenSolaris Governing Board a une bonne tête de collatéral, dans l'histoire ...

Du coup, Solaris Express fera son grand retour sur le devant de la scène avec la version 11, qui sera la seule façon pour les développeurs et ingénieurs systèmes de se faire la main sur une version de l'OS incluant toutes les nouveautés, même si, bien sûr, quasiment toutes (sinon toutes) celles de la première release de Solaris 11 sont issues des branches OpenSolaris actuelles.

Oracle annonce d'ailleurs une politique ambitieuse sur le développement de Solaris : ils souhaitent en (re)faire la plate-forme de choix pour le déploiement d'applications en entreprise, au détriment bien sûr de leurs concurrents. HP-UX et AIX sont explicitement nommés, mais une insistence répétée sur la gamme x64 et la récente renégociation de l'accord avec HP pour le support de Solaris sur Proliant laisse à penser que Linux fait aussi partie des cibles privilégiées - à juste titre à mon avis, RedHat ayant sans doute été l'entreprise qui a le plus attiré les clients traditionnels de Sun.

Au niveau de l'OS, on peut donc espérer de bonnes choses, avec la volonté affichée d'Oracle d'en faire un leader  technologique autant que commercial. Le plus gros point noir de Solaris (la double gestion patchs et packages et leurs outils associés) devant disparaître avec Solaris 11 et le déploiement massif d'IPS (Image Packaging System), qui rejoint avec "un peu" de retard les apt-get et autres yum, le système va gagner en compétitivité technologique. Reste à voir si Oracle arrivera à le rendre financièrement attractif pour les entreprises, et s'ils peuvent encore rattraper les clients qui sont passés sous Linux ou comptent le faire à court terme.